mardi 20 septembre 2011

L’entretien de face-à-face: Mise en œuvre et perspectives analytiques d’une rencontre singulière

École doctorale Paris 1

Atelier « Enquêtes qualitatives et conduites d’entretien »
L’entretien de face-à-face:  Mise en œuvre et perspectives analytiques d’une rencontre singulière
Synthèse de l’intervention de Denis la Mache
Aux ateliers de l’Ecole Doctorale de Géographie de Paris 1
Le 27 mars 2006


Il s’agit ici de réfléchir à la place que peut prendre le recours à l’entretien dans une enquête de terrain. Il
s’agit d’en analyser les applications, (au niveau de la conduite et du traitement) et les implications (en
matière de présupposés ontologiques et épistémologiques).
Je voudrais explorer avec vous un certain nombre de question : Qu’est-ce qui se joue pendant un entretien en matière de relation sociale ? Dans quelle mesure l’entretien est-il une collecte d’information ? Comment le mener ? Auprès de qui ? Comment l’analyser ? Faut-il le découper ? Faut-il le prendre comme une totalité insécable ? Quelle place pour le contexte de l’entretien dans l’analyse ? 


Les propos que je vais tenir  ont été élaborés dans un contexte particulier : une enquête ethnologique de
longue durée dans un grand ensemble HLM.
Quelques mots de cette enquête :
Elle est partie d’une interrogation de départ qui pourrait être résumée ainsi :  Comment s’organise
l’appropriation et le partage d’un espace urbain déterminé par ceux qui le pratiquent ?  J’ai souhaité
appliquer cette question à un terrain qui soit au cœur de l’actualité. Je partageais l’idée selon laquelle
l’ethnologie peut  contribuer au traitement des questions vives de la société et ne pas rester cantonnée aux
régions les plus assoupies de l’actualité. J’ai donc choisi un quartier d’habitat social classé ZUS, plusieurs
fois secoué par « émeutes urbaines ».
Il s’agissait donc pour moi de reconstruire les efforts déployés par les habitants pour habiter c'est-à-dire
- construire « de l’être là » (pour reprendre une formule de Heidegger)
- construire une inscription « du vivre dans le loger » (pur reprendre une formule de H. Lefebvre)
Un premier constat a pu être fait : Malgré les apparences et des croyances tenaces, ce type de terrain ne
constitue pas un isolat urbain, et ce  à deux titres :
- Il n’y a pas à proprement parler d’isolat culturel mais plutôt un conglomérat d’étrangers
- Il n’est pas possible de parler d’isolat géographique. Les individus débordaient largement la cellule
urbaine qui leur était destinée
J’ai pris le parti de ne pas faire une anthropologie de la ville (qui prendrait pour objet des comportements
spécifiques de ce terrain urbain)
J’ai plutôt tenté une anthropologie  dans la ville attentive à la manière dont les individus saisissent leurs
conditions matérielles et sociales de résidence, attentive à la manière dont ils en retravaillent les
contraintes et les opportunités pour y construire de l’activité sociale et négocier des identités individuelles
et collectives
D’un point de vue opérationnel, j’ai emprunté à M. de Certeau le concept de « art d’habiter ». Ce dernier m’a servi d’outil théorique. Il m’a permis de cerner la cohérence des faits étudiés sans les considérer comme déterminés par un contexte culturel, formel ou technique mais développés dans ces contextes (et rétroagissant sur eux). 
L’art d’habiter m’a permis de saisir de manière unifiée les « bricolages d’espaces » qui se développent dans l’économie et la culture dominantes pour « produire l’habitabilité » du grand ensemble. 


Entre autres méthodes j’ai eu recours aux entretiens. Il s’agissait :
- de faire produire du discours sur un ensemble de pratiques dispersées non nécessairement théorisées
par leur auteur 2
- d’adapter ma pratique d’enquête à une population très hétérogène (socialement, économiquement et
culturellement)
- de m’immiscer dans les pratiques de l’habiter donc nécessairement de l’intime et dans les rapports familiaux 
Je me suis donc construit une pratique de l’entretien adaptée à la circonstance :
- J’ai été amené à considérer l’entretien comme une rencontre.
- J’ai pris au sérieux le fait qu’il constitue une confrontation entre des points de vue. 
- J’ai fais le pari qu’on pouvait l’analyser comme un système communicationnel cohérent.
I - L’entretien est une rencontre
De manière générale, on peut entendre par rencontre  « le fait de se trouver en présence de, d’établir un 
contact ». Bien plus qu’une  co-présence, la rencontre est une mise en contact dans un endroit et à un moment donné. La rencontre est un évènement qui se donne à voir comme une totalité, distinctement de l’avant et de l’ailleurs.

Je voudrais montrer en quoi l’entretien peut être vu comme entrant dans cette catégorie et ce que cela
implique et signifie sur le plan ontologique, sur le plan épistémologique comme sur le plan technique.
 
A - Une rencontre instituée pour les besoins de l’enquête
En anthropologie, l’entretien s’inscrit dans une démarche empirique inscrite sur le long terme. Alors que les
sociologues sont plus familiers des territoires vastes, les anthropologues aiment à rester longtemps sur de petits terrains desquels ils tirent une connaissance en profondeur.  
Pour reprendre une formule de M. Segalen, ce qu’ils perdent en exhaustivité, ils le gagnent en intensité
(Segalen,  1990). Même si les frontières disciplinaires se brouillent et se complexifient, il est encore
possible de dire que les anthropologues sont peu familiers des questionnaires et des méthodes
mathématiques. Ils nouent sur leurs terrains des rencontres privilégiées avec un petit nombre
d’interlocuteurs.
Je ne veux pas me noyer dans des considérations générales sur les traditions disciplinaires. Je voudrais
juste dire que l’entretien dont je parle est une pratique intensive qui prend la forme d’une discussion à bâtons rompus. Celle-ci s’élabore à partir d’une trame mais dont les modalités discursives laissent une large part à l’adaptation, à l’improvisation.
Ce choix n’est pas neutre et pose d’emblée une série de questions : Quelle place pour les autres
méthodes ? Qu’est ce que cela implique au regard de la réalité sociale qu’on souhaite appréhender ?
Qu’en est-il de l’implication du chercheur ? Est-ce qu’on ne contribue pas à transformer une relation sujetobjet en relation sujet-sujet ?
1 – Le choix parmi d’autres méthodes
Il ne faut pas confondre tradition méthodologique et paradigme. Comme dit S. Fainzang : les méthodes
sont indissolublement liées à l’objet que l’on s’assigne et à la manière dont on le construit (Fainzang,
1994). Seul le problème à résoudre impose la méthode d’investigation.
J’adhère à la proposition de J-M. Berthelot selon laquelle la réalité sociale peut s’appréhender grâce à des
constructions bricolantes dans lesquelles des démonstrations concrètes usent d’éléments différents dont il
s’agit de neutraliser les discordances potentielles et ne garder que les capacités d’agrégation partielles
(Berthelot, 1991). J’ai donc développé un parti-pris extrêmement pragmatique, ne rejetant aucune méthode
a priori et me posant la question : Comment faire pour que cet outil soit compatible avec le type de 
connaissance que je veux produire ?
2 – Le choix face au paradoxe de Labov
Mon type de questionnement impliquait deux choses : s’inscrire dans la rupture d’avec le sens commun et adopter un point de vue emic.
A partir de là toutes les méthodologies se valent. Reste qu’il peut être légitime de se poser la question de
savoir si la connaissance doit être produite de l’extérieur ou de l’intérieur. La démarche herméneutique doit
trouver sa place entre 2 pôles distincts :
- Extériorité : S’agit-il de construire une extériorité face à la  question étudiée ? Dans ce cas,
comment résoudre le paradoxe de Labov : comment observer une situation telle qu’elle serait si je 
n’étais pas là ? 
- Intériorité : Doit-elle produire une connaissance d’une situation sociale de l’intérieur. Dans ce cas,
comment savoir ce que l’on modifie par notre présence ?
 
Un élément a été déclencheur pour moi : Une interlocutrice après m’avoir sagement écouter procéder à
une première prise de contact marque un silence et  me dit :  « Mais vous ne m’avez pas posé la même
question qu’à Madame X».  Elle était déçue de ne pas pouvoir me donner une réponse qu’elle avait
préparée.
Je me suis alors posé  la question : Qu’est-ce que cela signifie pour moi ? Est-ce que  cela condamne
l’opportunité de recourir aux entretiens ? Est-ce que cela veut dire que je suis trop présent sur le terrain et que je perturbe la vie sociale que je veux observer ?
J’ai alors tenté d’apporter des réponses à ces interrogations en veillant à les rattacher à mon point de vue
emic. Mon interlocutrice venait peut-être de me dire :  « Par rapport à votre sujet de recherche ce qui me
paraît important n’est pas ce sur quoi vous m’interrogez ! ». Cette hypothèse méritait d’être explorée. Je me
suis dit que l’entretien conçu comme une rencontre instituée avec ce que cela implique d’interaction mais
aussi de préparation de part et d’autre pouvait s’avérer très efficace.
Je suis donc parti du principe qu’une implication assumée et lucide est plus efficace qu’une extériorisation
illusoire. J’ai choisi de pratiquer une implication maîtrisée. Il ne faut pas confondre « rupture d’avec le sens
commun » et « illusion scientiste de l’extériorité ».
-  La rupture est inscrite dans le projet scientifique et doit se retrouver dans l’analyse.
-  L’illusion scientiste  ne fait que masquer le fait que (comme dit Y. Winkin) lorsqu’un homme 
réfléchi sur d’autres hommes, il le fait avec eux, parmi eux.
J’ai choisi d’assumer le fait de faire partie de la situation observée. Ce parti-pris n’est pas sans
conséquence sur la vocation qui sera donnée aux outils mobilisés. Ainsi, l’entretien de face à face apparaît
moins comme une technique de recueil des données que comme une rencontre de plusieurs individus dont
l’un est animé d’intentions scientifiques.
A l’instar de G. Althabe, mon projet s’inscrit donc dans une volonté de produire une connaissance  de 
l’intérieur. Je  partage sa conviction selon laquelle tout observateur d’une situation est nécessairement dans la situation (Althabe, 1990). Cet état de fait n’est pas seulement un biais qu’il faut tenter de maîtriser. 
C’est la condition même de production de l’information. C’est dans la situation même de rencontre que la connaissance anthropologique se bâtie. 

B – Un système d’attentes mutuelles 
Dans l’absolu, une rencontre peut être fortuite. Dans le cas d’un entretien en anthropologie, c’est rarement
le cas. De manière générale, l’entretien en science sociale est le fruit d’une préparation. Et l’enquêteur serait bien naïf de croire qu’il est le seul à [se] préparer [à] cette rencontre. Comme le montre l’exemple dont je viens de parler, chaque protagoniste est susceptible de le faire.
-  Cette attente peut être liée aux modalités de déroulement de l’entretien
Ainsi quelques interlocuteurs m’ont-ils « expliqué » comment se passait un entretien à partir de leur
expérience d’interviewés acquise auprès des multiples instituts de sondages intervenant
régulièrement dans l’immeuble
-  Elle peut être liée à l’intervention d’un anthropologue dans une dynamique locale
Ainsi le bruit a-t-il d’abord circulé que mon intervention était liée à la préparation d’une vague de
réhabilitation du quartier.
Sur cet aspect, l’enquêteur n’a qu’une connaissance partielle et progressive. N’oublions jamais comme le 
disait M. de Certeau qu’il ne faut pas prendre les gens pour des idiots. 
De son côté, lorsqu’il entre en contact avec sa population, l’enquêteur en a pré-construit des
caractéristiques en vertu desquelles il institue la rencontre. Il s’attend à ce que la population le renseigne
sur l’objet qu’il a construit qu’il a construit en dehors d’elle. Il s’attend aussi à quelques caractéristiques qui
vont orienter son protocole technique. Sur cet ensemble d’attentes croisées, je souhaiterais faire quelques
remarques, sur le plan épistémologique, méthodologique, technique.
1- Remarque épistémologique
Sur le plan épistémologique, il faut garder à l’esprit que la rencontre avec la population procède d’un choix
dicté par des perspectives analytiques. Il est essentiel de garder à l’esprit que cette pré-construction n’est
qu’hypothétique. L’interrogation sur la pertinence  de la perspective qui sert de cadre à l’investigation doit
être permanente.
L’ethnologue doit se garder de délimiter un objet de connaissance qui serait d’emblée le cadre sur lequel il
fonde son appréhension du réel. L’entretien doit avoir le double objectif d’alimenter et d’interroger son objet
de recherche.
2 – Remarque méthodologique
Sur le plan méthodologique, chaque population (quelle qu’elle soit) possède un certain nombre de
caractéristiques inconnues et inattendues du chercheur. Elles peuvent pourtant peser lourdement sur le
déroulement de la recherche.  Ainsi la population du grand ensemble sur lequel j’enquêtais avait-elle pour
caractéristique d’être sur-ethnologisée
- De manière conjoncturelle : 2 universités voisine proposant des filières « science de la ville » déversent
des flots d’apprentis sociologues, ethnologues et géographes sur le terrain.
-  De manière structurelle : l’enquête dans les grands ensembles s’inscrit dans un paysage médiatique
particulier : Les habitants des grands ensembles sont sur étudiés : à force d’enquêtes de plus en plus
médiatisés, une « parole des banlieues » à fini par se solidifier. Elle intervient comme un réservoir
sémantique utilisable par chacun.
Ces éléments ont contribué à la fabrication d’une « compétence de population d’enquête » inégalement
répartie mais bien réelle.
Le fait de considérer l’entretien non comme un recueil mais comme une rencontre permet d’accueillir la
parole pré-construite. Cela permet de ne pas se dire :  « Ce qu’il me raconte, je le sais par cœur ». Cela
invite à se demander : « Pourquoi ça à moi, ici, maintenant ? »
3 – Remarque technique
La concentration spatiale et l’hétérogénéité sociale du HLM n’avaient pas échappé aux enquêteurs
commerciaux. Beaucoup y ont vu une aubaine pour remplir à peu de frais et en peu de temps des
enquêtes par panels. Chaque palier concentre des ouvriers, des sans-emploi, des étudiants, des
ménagères… parfois même quelques cadres. Les sondages trouvent là des terrains favorables.
A cela s’ajoutent les enquêtes diligentées par les  organismes, services et collectivités de tutelles du
logement social. Les populations des grands ensembles accueillent donc l’entretien anthropologique parmi
un paysage varié d’enquêtes qui leur a dans certain cas permis de construire une véritable  compétence
d’interviewé. Ils ont ainsi pu construire vis-à-vis de l’interviewer un système complexe d’attente en matière
de déroulement de l’entrevue, de niveau et de structures de réponses.
L’entretien tel que je le conçois cadre mal avec ces attentes. Construit comme une rencontre plus que
comme une récolte, il s’inscrit dans la durée, épouse les formes ordinaires de la conversation et
s’accommode mal des formatages de réponses.
C - Une rencontre avec des individus choisis
2 niveaux de choix : D’abord la population, ensuite les interlocuteurs. 5
Ce choix dans le choix oriente plus encore la portée de l’entretien et les termes de la rencontre. Il repose
sur un conglomérat de raisons théoriques, techniques, financières affectives… Avant même d’être mis en
œuvre ou analysé, l’entretien résulte d’une série de parti-pris. Ceux-ci ne sauraient disparaître de l’analyse.
Le choix du « bon » interlocuteur doit donc être lucide, méthodique. Il participe en tant que tel à la
production de connaissance
1 – Un choix lucide et méthodique
Qui choisir ?
Les modalités du choix doivent être dictées par le  projet de recherche. En ce qui me concerne, aucune
volonté culturaliste n’agitait mes intentions.
- Il ne s’agissait pas de savoir qui pourrait « parler pour les autres »  et exprimer au mieux une culture
résidente. Il ne s’agissait pas de rechercher des porte-parole efficaces d’une identité collective dont ils
n’auraient qu’une connaissance partielle et partir desquels je pourrais reconstruire une entité collective.
- Il s’agissait d’explorer la diversité des postures qui peuvent s’exprimer dans une situation résidente. Il était
important pour moi d’avoir des individus qui ne parlent que d’eux même mais qui proposent des postures
contrastées face à mon objet de recherche.
2 – Les personnages épistémiques
J’ai donc eu recours, à l’instar de P. Bourdieu à des  personnages épistémiques  (Bourdieu, 1984). Ces
personnages sont à la fois réels et construits.
- Ils sont réels dans la mesure où l’entretien mené auprès d’eux n’était animé d’aucune volonté de
procéder à des synthèses abstractives. Il s’agissait bien d’entrer en contact avec des individus que
l’entretien visait à cerner dans toute leur complexité, avec leurs incohérences.
- Ils sont construits dans la mesure ou le collectif qu’ils forment est le fruit d’une sélection rigoureuse.
Cette sélection repose sur un choix de profils contrastés par rapport aux variables efficaces de ma
problématique.
 Concrètement, j’ai choisi mes interlocuteurs :
- pour la distinction des raisons qui fondent leur arrivée dans le quartier
- pour leur localisation dans le quartier
- pour le contraste de leurs projets résidentiels
- pour l’inégalité de leurs positions et de leurs possessions sociales et économiques.
Telle a été ma manière de répondre à 2 questions :
- qui interviewer ? Des individus les plus différentes les uns des autres
- combien en interviewer ? autant que les situations ne deviennent pas redondantes
Dans mon cas mes interlocuteurs ne sont pas représentatifs mais exemplaires. Ils ne représentaient pas un
échantillon à proprement parler dans la mesure ou chaque situation individuelle observée n’a pas besoin
d’être représentative pour être pertinente. L’étude de quelques cas individuels apprend autant que celle de
cas multiples. Il s’agissait, comme dit J-F.Grossiaux, de respecter suffisamment la part d’aléatoire qui
existe dans l’observation pour ne pas fétichiser celle-ci mais la maîtriser suffisamment pour ne pas se
noyer dans la redondance (Grossiaux, 1998).
Dans ce cadre, finalement pour moi, comme dit S. Fainzant, « un informateur vaut pour un autre, même s’il
ne vaut que pour lui-même » (Fainzant, 1994).
Récapitulons :
- L’entretien s’inscrit dans une chaîne explicative  construite liant les dimensions ontologique,
épistémologique et méthodologique de la connaissance
- L’entretien procède d’une implication qui suggère au chercheur une attitude souple par rapport à
son terrain, attentive aux injonctions de celui-ci sans en être dupe.
II - L’entretien : modalités et enjeux d’une confrontation
 
S’il est entendu que l’entretien est une rencontre intersubjective, voyons concrètement en quoi il constitue
une confrontation et ce qu’on peut en tirer. 6
Une confrontation est la « mise en présence de deux entités dont les intentionnalités et les productions de
discours ne sont pas cohérentes ». La confrontation est également la volonté de produire de l’explication
par cette mise en présence. (C’est le cas par exemple de la confrontation policière).
En ce sens alors, l’entretien de face à face peut être considéré comme une confrontation. Elle peut, en
effet, produire de la connaissance d’une situation  en confrontant deux modèles explicatifs d’une situation
sociale dont l’un se construit en rupture d’avec le sens commun à partir d’un outillage théorique. Je voudrai
insister sur les modalités et sur les enjeux de cette confrontation.
A – Partenariat, violence symbolique et mise en scène
Une première remarque : Dans nos sociétés contemporaines et urbanisées, l’anthropologie entre à grande
peine dans les mondes domestiques et les univers familiaux. On peut considérer que cette tentative
d’intrusion est illégitime. Ce n’est pas mon cas. Je pense au contraire qu’elle est possible et souhaitable.
1 – Le partenariat
Pour cela elle peut être envisagée sur le modèle du partenariat. Le partenariat est une
collaboration d’individus qui entrent en relation dans une production commune mais qui sont animés
d’intérêt et d’intentions distinctes.
Dans cette perspective, il ne s’agit pas de se demander comment on va pouvoir s’introduire dans
l’intimité de la population. Il ne s’agit pas de savoir de quelle manière on va pouvoir formuler nos questions
sans dévoiler nos véritables intentions et effaroucher l’interlocuteur. La difficulté est dans la négociation du
partenariat (qu’est-ce qu’on va pouvoir s’apporter ? Quel est le but de l’opération ?)
En ces termes, on peut bâtir une relation plus durable, propice à l’enquête ethnologique dans la
durée. A défaut d’être vertueuse, l’honnêteté peut être stratégique.
Quand je parle de partenariat, il faut rester lucide : il s’agit pour moi d’un modèle de relation de
référence. J’en ai parfois été très loin. Un partenariat est difficile à construire.
2 – Violence symbolique et mise en scène
La rencontre avec son interlocuteur peut alors constituer pour ce dernier une véritable  violence
symbolique (Bourdieu) reposant sur une double dissymétrie. D’une part il existe une différence de
conceptualisation de l’objet de recherche et d’intérêt pour ce dernier entre le chercheur et son interlocuteur.
Dans mon cas, il est clair que l’habiter n’avait pas constitué en tant que tel un sujet de réflexion pour ma
population. D’autre part, il peut exister une différence de capital symbolique et linguistique qui sépare
l’enquêteur et son interlocuteur. Dans mon cas, elle était parfois très importante.
Inévitable cette double dissymétrie doit être intégrée à la démarche interprétative de l’entretien. Elle
fait partie de l’acte de production de connaissance. Les modalités de la rencontre influent sur cette
dissymétrie et sur la violence symbolique.
Pour contribuer à contrôler cette violence symbolique, j’ai pris le parti d’agir en amont de l’entretien.
J’ai fait le choix de recourir à des « intermédiaires pertinents ».
Ces derniers (animateurs socioculturels, concierges, directrice d’école…) m’ont mis en contact avec mes
interlocuteurs :
- Ils ont atténué la violence symbolique (par les mises en contact qui permettent d’établir des relations
de confiances, de caler les niveaux de langage…).
- Ils ont aussi profondément et durablement orienté les systèmes d’attentes mutuelles.  
Ainsi, une jeune femme qui m’avait été présentée par la directrice de l’Ecole me décrivait l’aménagement de
la chambre de sa fille en récitant les préconisations de la PMI. En fait, elle me disait  «La directrice a eu
raison de penser à moi pour votre enquête. J’éduque bien mes enfants ».
Ceci m’amène à dire que pendant l’entretien, le chercheur n’obtient pas des  bribes de la réalité
sociale qu’il cherche à connaître et qu’il faudra ensuite restituer. Il en obtient une véritable mise en scène.
Cette mise en scène des échanges sociaux qu’il souhaite connaître se déroule pour et avec lui.  Elle utilise
les ressources de la communication ordinaire et s’élabore dans une construction locale d’acteurs sociaux.  7
B - Une construction réciproque d’acteurs sociaux
Dans la conception de l’entretien que je propose, le chercheur est concrètement impliqué dans la
relation d’échange. Il devient un acteur du jeu social indigène. Il est produit en acteur par ses interlocuteurs
à travers les processus internes qu’il a définis comme objets d’analyse.
Dès son arrivée, et à son insu, il est impliqué dans un réseau d’alliances et d’oppositions. Il est investi de
missions de témoin, de caution, d’entremetteur…
Et puis surtout, comme on vient de le voir, l’interlocuteur lui-même se construit en acteur social
pertinent au regard de l’analyse qu’il fait des raisons de la rencontre et de l’orientation que prend celle-ci.
Cette construction que l’interviewé produit de lui-même au cours de l’entretien mobilise des
matériaux très divers. Mes interlocuteurs appartiennent à une pluralité de situations sociales qui
n’entretiennent pas nécessairement de liens les unes avec les autres (relations
professionnelles/domestiques…).
Une seule fait l’objet de la recherche mais toutes  viennent s’agréger dans la rencontre. Il serait
illusoire de vouloir les éliminer. J’ai pris le parti de les prendre en considération et étudier leur interaction
avec le champ étudié. Dans l’événement de communication que constitue l’entretien, l’interviewé unifie à sa manière les diverses situations auxquelles il appartient. Il les ordonne. Il construit une image de lui-même.  
Par ailleurs les données structurelles de l’entretien apparaissent pour l’interviewé  à la fois comme 
des contraintes (sa réponse est une adaptation) et une ressource (lui permettant de se construire comme acteur social).  
La construction se fait donc à l’occasion et par l’entretien. L’objectif est de comprendre en quoi les
modes par lesquels le sujet de construit en acteur social peuvent éclairer notre sujet.
D – De l’autonomie du chercheur
 Dans cette action croisée d’auto/exo construction, je me suis rendu compte que je risquais de
perdre son autonomie. On est pris entre deux logiques contradictoires. On risque 2 dépendances :
- La dépendance vis-à-vis de sa perspective analytique : suggère de sélectionner dans les
propos des interlocuteurs des propos qui renforcent sa perspective. Le danger est de délimiter un
objet de connaissance comme étant d’emblée le cadre dans lequel on va fonder l’appréhension du
réel. Le risque est grand de manquer de vigilance et de transformer sa question en réponse pré-
établie, de fonder sa démarche sur la poursuite d’objet de connaissance sans existence.
L’entreprise relève alors de la fiction (Selim, 1992).
Ainsi, il aurait sana doute été aisé pour moi de recueillir assez de matériaux pour produire un
intéressant mais fallacieux récit sur la « culture des grands ensembles ».
- La dépendance vis-à-vis de la parole des interviewés : Le risque est de se voir imposer par ses
interlocuteurs des réponses et un cadre explicatif
J’ai ressenti la prégnance de ce danger lorsque j’ai interrogé des professionnels de
l’aménagement, du développement local ou du travail social. Ceux-ci développent des discours
réemployant les paradigmes et les vocables des sciences sociales. Ils proposent des élucidations
du problème étudié séduisantes pour un chercheur qui risque fort de se trouve happé par la parole
de ses interviewés.
 Il faut donc reconquérir son autonomie en permanence. Il faut à la fois épouser la perspective des
acteurs eux-mêmes en essayant de comprendre comment ils interprètent leur situation, utiliser cette
perspective pour alimenter l’objet de recherche et questionner sa pertinence.
Récapitulons :
- Le chercheur et son interlocuteur sont animés d’intentions distinctes que la situation d’entretien 
confronte, dévoile et alimente 
- Dans cette confrontation, le chercheur doit en permanence reconquérir son autonomie en 
gardant à l’esprit que l’entretien produit de la connaissance : il ne s’agit ni de laisser dire, ni de
faire dire.
III - L’entretien est un système interactionnel
Pour traiter cette confrontation et l’appréhender globalement, il m’a fallu me construire un outil
spécifique. C’est dans les travaux de G. Bateson et E. Goffmam que j’ai trouvé les outils conceptuels
adéquats.
- J’ai puisé dans l’approche systémique : pour ce qu’elle propose d’analyser la confrontation de
l’entretien comme un ensemble communicationnel, un tout cohérent.
- J’ai puisé dans la batterie d’outils mis au point par E. Goffman pour analyser les
interactions : J’ai utilisé les travaux de E. Goffman en ce qu’ils proposent de décrypter les
interactions non comme des émergences de la vie sociale mais comme une création secondaire
par rapport aux structures générale de la vie sociale, celles là même dont je souhaite produire une
description (Goffman, 1973).
A- L’analyse des propriétés émergentes
J’ai considéré la situation d’entretien comme un complexe de sujets en interaction. Mon objectif a alors
été d’en observer et d’en décrypter les propriétés émergentes, non en tant que telles mais en tant qu’elles
éclairent mon objet de recherche. Cette stratégie d’analyse a nécessité d’adopter une double posture à la
fois interne et externe.
- Interne : Il m’a fallu pendant l’entretien m’impliquer dans la relation. Il m’a fallu endosser un rôle
(au sens de Goffman) c'est-à-dire épouser un modèle d’action préétabli, attaché à un statut. En
l’occurrence, je me présentais comme celui qui fait partie de la situation mais en qualité d’étranger.
Je me présentais comme celui qui n’est pas d’ici et qui cultive la capacité à s’étonner de tout.
- Externe : Il me fallait aussi garder à l’esprit son orientation problématique et préparer le terrain à
l’analyse à laquelle je me livrerai plus tard, une fois détaché des enjeux de l’interaction.
Durant la relation je me suis vite rendu compte qu’il ne fallait pas adopter une position d’expert ou de
contrôleur. Il faut adopter une position humble, basse (j’avais en tête le stagiaire en entreprise). Il faut
adopter une position de co-constructeur de relation sociale d’où émerge du sens, un sens qu’il faudra par la
suite reconstruire et dont il devra faire une utilisation finalisée.
B – Les axiomes de Palo Alto
 Au moment de l’analyse, pour faire parler l’entretien j’ai prêté attention à un certain nombre de
phénomènes :
- Les rétroactions : Chacun des comportements des interlocuteurs est pris dans un jeu complexe
d’implication, d’actions et de rétroactions qui les lient les uns aux autres. Cela permet de sortir de
l’analyse linéaire et segmentaire Qestion/Réponse
Ex : on était en train de se construire une théorie commune avec le responsable du secteur
jeunesse qui habite le quartier pour raisons professionnelles
-  les liens entre le contenu et la relation : comment est-ce qu’ils évoluent ? En quoi cela me
renseigne sur mon objet ?
Ainsi, par exemple, lors des entretiens auprès d’une famille, j’ai d'abord été reçu autour de la table
puis le canapé. Ces situations successives m’ont permis d’approcher les trajets d’accès à l’intimité.
Couplée à d’autres méthodes, l’exploitation de ces  entretiens m’a permis d’analyser les seuils et les
sous-seuils qui organisent l’appartement.
- Le sens des paradoxes dans les échanges : permet de relativiser les intentionnalités
Cette perspective ne doit pas faire oublier que chaque système a son fonctionnement propre. Il ne faut
pas inférer le fonctionnement de l’un sur l’autre.  Ainsi le système interactionnel qui s’installe entre les
membres du foyer et moi n’est pas celui qui lie les membres du foyer entre eux.
 
C - Diachronie et synchronie
.  La diachronie intervient à deux niveaux dans l’entretien : 9
- L’entretien anthropologique prend place dans le temps long. Une relation s’installe et évolue
entre le chercheur et son interlocuteur et influence les contenus.
- Les souvenirs et les projets viennent alimenter la  discussion. Pour autant l’entretien se
déroule ici et maintenant.
 J’ai pris le parti, non de prendre en compte la manière dont passé et futur pèsent sur la relation,
mais la manière dont le présent saisi le passé et le futur.
Ce qui m’intéresse c’est la manière dont la situation d’entretien permet à l’interviewé de fabriquer du sens
en s’appuyant :
- sur la relation qui le lie au chercheur
- sur l’étalement temporel de sa vie sociale.
Quelques réflexions  en guise de conclusion
L’enquête de terrain n’a pas de fin programmée, dictée par l’objet de la recherche : Seuls des 
éléments extérieurs, le temps imparti, les moyens disponibles… fixent l’aboutissement de la recherche.
L’enquête laisse alors de l’écrit. Mais l’écriture est dangereuse. Elle laisse une place prépondérante
aux comptes-rendus d’entretiens. Elle a donc le pouvoir de dissoudre les événements de communication
dans lesquels les échanges verbaux ont été produits.
Il faut résister, recomposer les événements, leur articulation dans la durée, l’arrière plan d’où les 
textes ont surgis et ou ils prennent sens. Le résultat sera alors moins la description d’une situation
autochtone que le récit de la rencontre. 
En discutant avec l’enquêteur, les individus parlent de leur relation à eux-mêmes, aux autres et au 
monde. Ils modifient la construction de leur réalité. Cette modification est induite de manière non 
intentionnelle mais bien réelle par l’enquêteur.  
Ressources bibliographiques
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dimanche 18 septembre 2011

The power of place: embeddedness and local food systems in Italy and the UK


Special issue on local food products and systems/Numéro spécial sur les produits et systèmes agroalimentaires locaux

The power of place: embeddedness and local food systems in Italy and the UK

Roberta Sonnino

Abstracts

Cet article, reposant sur l’étude de deux produits locaux émergeants, le safran de Toscane et les charcuteries et viandes de Steve Turton dans le sud ouest de l’Angleterre, s’intéresse aux sens et aux implications de la notion d’« entrelacement social » (embeddedness). Fondé sur l’analyse de données et d’interviews avec les acteurs clés investis dans ces deux réseaux (qui représentent des mentalités alimentaires très différentes) cet article montre que, contrairement à ce qui prévaut dans la littérature scientifique des systèmes agro-alimentaires, la notion d’« entrelacement social » n’est pas une caractéristique donnée. Elle résulte d’un procédé dynamique d’attribution de sens à travers lequel les acteurs sociaux construisent et défendent la relation entre le produit et le lieu. Cette perspective met en valeur l’aspect compliqué des notions de « territorialité » et de « localisation », et soulève d’importantes questions à propos de la durabilité des systèmes alimentaires locaux.
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Editor's notes

Acknowledgments: Funding for this research has been provided by the Economic and Social Research Council (UK) as part of a project entitled ‘Going Local? Regional Innovation Strategies and the New Agri-Food Paradigm’ (ref Toe50021). I would like to thank Kevin Morgan and Terry Marsden partners in this project. The two case studies presented in this paper have also been separately analyzed by the author in Sonnino, 2007 and in Sonnino and Marsden, 2006b.
Note de la traductrice : La notion d’embeddedness me paraît difficile à saisir en francais et renvoie au concept d’entrelacement social, de tissage culturel, de sertissage, voire de métissage. (V. Amilien, janvier 2007).

Full text

Introduction: localness and embeddedness

1The concept of ‘place’ occupies a central role in the literature on agri-food. Even though its ‘multiple layers of meaning1 make it an inherently ambiguous concept2, difficult to define and theorize, place is commonly used to define the ‘territoriality’ of a food chain – or, in other words, to describe the relationship between a food system and its context of production. In the literature, a distinction is often posited between globalized (or conventional) food systems, which are considered to be de-territorialized or, in other words, detached from a specific place, and localized (or alternative) food systems, which are conversely assumed to be closely connected to a territorially circumscribed production context – or place.
  • 1  Harvey, 1996: 208
  • 2  See Morgan et al., 2006
  • 3  More details in Sonnino and Marsden, 2006a
2The concept of embeddedness, borrowed from economic sociology, is widely used to characterize these two different types of food systems: at one end, there is the dis-embedded globalized food system, the ‘placeless foodscape’ (Ilbery and Kneafsey, 2000: 319) of countries such as the UK and the US; at the other end, there are the more embedded, localized food systems of countries such as France and Italy, where food products appear to be forever rooted in a particular place. This conventional opposition between dis-embedded (i.e., conventional and globalized) and embedded (i.e., alternative and localized) food systems is in reality a false opposition3. First, it does not reflect the dynamics of the contemporary agri-food sector, where the boundaries between ‘local’ and ‘global’ are often blurred (Murdoch et al., 2000; Kirwan, 2004). Second, it does not leave much room for local agency and innovation – specifically, it does not account for the continuous changes occurring in the food system, where, as we will see, new entrepreneurs continue to trigger new processes of territorial embeddedness.
  • 4  Fieldwork was conducted between 2004 and 2005 and it was based on two research methods. First, to i(...)
3This article critically explores the meanings and implications of embeddedness through an empirical analysis of two emerging local food systems: saffron in Tuscany and Steve Turton meats in the South West of England4. First, I will describe the process through which local actors attempt to localize the two new food products. In the following section, I will focus on the narratives of key actors involved in the two networks to show that embeddedness is not an inherent characteristic of some food systems. Quite the contrary, it involves a dynamic process of attribution of meanings through which social actors construct and defend the connection between a product and a place. In other words, embeddedness is primarily about creating and re-creating a discourse that ‘empowers’ a place. In the conclusions, I will argue that, in addition to significantly complicating notions of ‘territoriality’ and food ‘re-localization’, a focus on the nature of the embeddedness of local products raises the need for outside political intervention to sustain local food networks.

Re-inventing a tradition: the localization of saffron in southern Tuscany

4The history of saffron in southern Tuscany began with Anna, a former accountant from the town of Grosseto who, after retiring from her job, decided to purchase a small farm near the medieval village of Campagnatico. Located in the hilly interior of the Grosseto province, this village shares with the rest of the area a history of sharecropping, land reform, rural exodus and attempts at rural revitalization5 that have created new opportunities for people (including urban dwellers) interested in the ‘post-productivist’ Tuscan countryside6.
  • 5  More info in Sonnino, 2004
  • 6  As Marsden (2003) defines it, in Europe the post-productivist countryside has emerged out of the gr(...)
5In 2002, while she was learning to become a hobby farmer, Anna, a retired accountant from the city of Grosseto, heard that the owner of Campagnatico’s oldest estate had discovered traces of yellow in some ancient Roman tubs. Intrigued by this discovery, she did some research and found out that in ancient times that colour could only be obtained from saffron. The village’s oral history confirmed this information, as Anna found two elderly men who recalled that in the 1920s the spice was indeed cultivated in the area. On this basis, and after successfully experimenting with the cultivation of saffron herself on 100 square metres at her farm, Anna decided to mobilize local resources in an effort to ‘re-introduce this lost product’.
6With the support of the Mayor of Campagnatico, who saw in the new product an opportunity to create a distinct marketing identity for the town, in 2003 she organized a conference that marked the beginning of the ‘re-localization’ process. The leaflet distributed to the participants presents saffron as a spice ‘deeply rooted in our gastronomic tradition since the Middle Ages;’ as such, it has both ‘economic and cultural meanings’ that provide it with a significant development potential for producers willing ‘to promote […] a specialized and territorially “concentrated” production and a strong cooperation with Maremma’s local institutions – especially the township of Campagnatico.’
7Two months after the conference Anna became president of theAssociazione Crocus Maremma, which at the time comprised 20 people willing to start cultivating saffron in the area. The establishment of this Association empowered both the village of Campagnatico and its producers. In fact, the new product immediately became a selling point for a village that is working to attract rural tourists and their money. At the same time, saffron also has something new to offer to small farmers willing to detach themselves from conventional agriculture. In addition to providing a net profit of € 20-25/gram (depending on whether the farm is organic), saffron creates new forms of cooperation that, for these producers, have a value that goes beyond economics. As one of them explained:
‘We can no longer support our families through conventional cultivations, as it used to be for my father and grandfather. The price of wheat is the same now as it was twenty years ago. […] We are all farmers in search of something new to have a new economic outlet but also to get together again, as it used to be.’
8Getting together’ is in reality a necessity for saffron producers. In fact, the spice involves an entirely artisanal production process: as Anna described it, after picking up the flowers early in the morning and leaving them to open on a table covered with a cloth, the three pistils must be detached manually one by one and must subsequently left to dry, before they can be grounded to produce the saffron powder. The labor-intensiveness of the process poses significant limits to the total amount of spice an individual farm can produce. To deal with the demands of a rapidly expanding market, producers must join forces and develop collaborative relationships. For this reason, in April 2004 the Association decided to welcome fifteen new producer-members.
9Although beneficial in marketing terms, this development is creating new structural challenges to the saffron network. In fact, most of the new producers are concentrated around the nearby town of Manciano, which is providing a strong support to the saffron business. As the spatial boundaries of the networks are moving away from Campagnatico, the Mayor is withdrawing his institutional support. In November 2004, for its annual show the Association received from the township as little as € 250 as a contribution to its overall expenses and no logistic support.
10In responding to pressures from the Manciano producers to remove the name of Campagnatico from the Association’s logo, Anna struggles to protect the temporal and spatial boundaries of the network:
‘When they ask: “How are we going to justify that we cultivate saffron in Manciano?”, I say: “Come on guys, the name of Campagnatico is a crucial aspect that is important to you as well, because we must have a place of birth”. […] Even though saffron is now produced throughout the Maremma, the idea came from here. […] We can’t move away from Campagnatico because this is where the history of saffron is. […] There is the history, the ruins and the memories of those two witnesses, all precious things that we cannot abandon.’
11New development strategies have been designed to bind the local in time and space. On the one hand, Anna and the core members of the network are planning to produce a DVD and a book that will tell their story of where, how and when a product has been made local. On the other hand, they are planning to turn the Association into a Consortium. For Anna, this would have three important benefits. First, it would legally allow producers to collectively organize the marketing of saffron. Second, it would provide an opportunity to more formally involve other local and regional institutions (such as, for example, the Province of Grosseto and the Chamber of Commerce) capable to improve the organization of the saffron economy. Third, and perhaps most crucially, the establishment of a Consortium would help Anna to redefine the network’s membership rules. By restricting access to what she calls ‘real’ (as opposed to ‘hobby’) farmers, Anna and her core allies would be able to exclude producers who create territorial tensions, thereby re-balancing the geographical distribution of the network and strengthening its social cohesion. They could, in a word, regain control over the configuration of this emerging local food network.

Quality, regionality and traceability: the Steve Turton meats network

12Like all people in the meat sector, in the late 1990s Steve Turton, a master butcher from Exeter, had to confront the BSE crisis. Throughout the UK, the crisis triggered significant developments in the food sector: in fact, consumers’ requests for safe products led to a new emphasis on locality and traceability.
13In the South West of England, a region widely known in the UK for its local food products, Turton was one of the earliest food entrepreneurs to capitalize on the new opportunities. In 1997, at the height of the BSE crisis, he started manufacturing Westaways sausages, today the largest regional brand in the UK. After supplying corner shop delis for about one year, Turton started working with supermarkets, and his business expanded so much that Steve decided to sell his butcher shop and to concentrate on sausages.
14In those years, regionality was increasingly becoming a ‘watchword’ also for supermarkets, and Sainsbury’s, one of the leading retailers in the UK, decided to develop its regional food offer. At the Devon County Show, Rachael, Sainsbury’s Trade Development Manager, came into contact with Turton, who recalls:
‘She said their meat counters were not performing, and I said “you know why? ... Because they are crap!”. I said: “They are not going anywhere. One: your product mix is exactly the same as you got on the shelves, you got no differentiation with that offer, and second you got lousy people behind your counters”. […] Her comment was: “Do you think you can do better?”, and me being a prat I said yes.’
15Nine months later, Westaways sausages had made their way into the first Sainsbury’s store, and after another year Turton was involved in a three-month pilot scheme with the supermarket. Once they realized that Turton was selling 200% above their own leading brand, Sainsbury’s proposed to Turton to manage also a meat counter in their stores, which started running first as ‘Steve Turton Selection at Sainsbury’s’ and, subsequently, as ‘Sainsbury’s in Partnership with Steve Turton.’
16It was at that point that Steve began to construct a discourse, based on the ideals of regionality and traceability, that aimed to territorially embedded his product. To Steve, regionality is not just a ‘massive selling point’ in a region, like the South West, where consumers increasingly demand local food; it also means sustaining producers ‘beyond what farmers’ markets can do for them’- and, through them, a region ‘that has given me all of my life’. Traceability, in turn, is directed to consumers; it is meant to reassure them by building the ‘integrity’ of the product, as Turton explained.
17In a general sense, it can be said that the values of regionality and traceability were crucial to the emergence and development of Turton’s network. Steve purposefully searched for suppliers located within the boundaries of the South West region and, at the same time, capable to meet stringent traceability standards. As he explained while describing the meat counters he currently manages in 15 Sainsbury’s stores around the South West:
‘Effectively that’s a totally regional offer, 100% traceable meat, we have spent 85,000 quid on our traceability system here to trace the meat right the way through to the shop. So when a customer goes to a store, they can actually find out where the meat came from, and that has been solely driven by regionality.’
18In practice, these regionality and traceability requirements have allowed Turton to create a large network of suppliers that he manages either personally, as it is the case with two dedicated farmers who directly sell their meat to him, or indirectly through the mediation of two local wholesalers. All but 12 of Steve’s 154 suppliers sell their meat to these wholesalers. Each carcass comes in with a label that includes the name of the farmer, the address and the reference number for the animal – all information that is attached also to the cuts and to the bags of minced meat. In this context, the wholesaler then functions not only as the transfer of the meats, but also of the identity and knowledge concerning the meat itself. Interestingly, in this process the identity of the wholesaler remains anonymous.
19Along with regionality and traceability, a constructed notion of ‘quality’ is equally crucial for Turton to maintain control over his constantly expanding network. In his words: ‘Just by sticking a West Country label on it doesn’t make it good. It can be West Country, but it’s got to be backed up by the product as well’.
20To achieve quality, which Turton defined as ‘no waste on the plate and an enjoyable meal’, his suppliers are expected to provide U3 and U4 meat, a specification that refers to the amount of fat cover. In practice, this requirement allows Turton to continue to carefully select his suppliers and, simultaneously, their animals. In describing her first encounter with Turton, Jilly, one of his core suppliers, recalled:
‘I wanted him to buy my cattle… So we went down to the shed and when we got out we put our eyes on these three really lovely South Devon Cross-Blonde bulls. […] He said “I really like them, I’ll have all of them then”.’
21Similarly, the Southwest Chairman of the National Beef Association, another key supplier to Turton, explained:
‘With Steve Turton we are visiting the farm, we are discussing what we are going to breed, how we are going to feed it, when we are going to produce it…it’s a partnership arrangement, I just have to fit with his philosophy…I got two of the best eating quality breeds, and he’s looking for eating quality, so we fit.’
22In short, Turton’s discourse on regionality, traceability and quality has been instrumental for Steve to construct a place, to anchor selected suppliers to that place and, subsequently, to maintain control over a growing network that is projected to sell as much as £ 20 million of local meat by the year 2010.

Embeddedness, power and place. A comparative analysis

23The two networks represent attempts to create new territorial platforms of action and ‘actor-space’ – in a word, to empower a place. In this context, embeddedness is first and foremost dependent on the development of innovative discourses of ‘localness’ and quality. Crucial in this respect is the role of the ‘ecological entrepreneur’ (Marsden and Smith, 2005), an individual actor, such as Anna or Turton, who initiates the process of embeddedness by recasting bio-local/regional reconnections. In Tuscany, saffron is constructed as a product perfectly suitable to the Maremma’s soil. As one producer stated: ‘Both the climate and the soil are perfect here. For every bulb I planted last year, I have obtained three or four new ones this year. […] Saffron is clearly something related to my territory.’ Similarly, in the South West of England the occurrence of a biosecurity crisis (the BSE) raised the need to emphasize the peculiar qualities of locally-grown stocks and products. To ‘empower’ their place, Turton and the core members of his network have to project a new sense of bioregionalism. In their discourse, beef breeds become characterized by spatially unique characteristics that are inextricably and exclusively linked to the spaces governed by the network itself. In this case, then, ‘the identity of the network is grounded within a revised and exclusive symbiosis of nature, animals and actors – in a sense, a new type of hybridity’ (Sonnino and Marsden, 2006b: 327).
24In short, the two case studies show that embeddedness is not a given condition. Food products become embedded through a process of mobilization of values and meanings that construct a place as the ‘local.’ In the case of saffron, the localization process is about creating a discourse that roots this product in time and space. In the leaflets, as well as in the narratives of Anna and her core allies, the product acquires a cultural capital through the invention of an exclusive link between its ‘authenticity’ and the Campagnatico territory, climatic conditions and history. Similarly, in the case of Turton meats, the relocalization process involves establishing a unique link between the product and its bio-region. Turton’s meat is exclusively linked to the South West not just because it is ‘fully traceable’ back to the area comprised within the boundaries of the region. It also comes local breeds that are raised, as we have seen, on the basis of a specific knowledge that is supposed to provide their meat with a unique type of ‘quality’ – a type of knowledge that belongs to Turton himself and that he personally transfers to the core members of his network. In the process of embedding, the two food networks find a shared identity that cements the converging interests of different stakeholders – or, in simple terms, their desire to recapture rural space.
25The analysis also shows that embeddedness involves a contested and complex process of negotiation. The network’s exclusive connection with a place and a product must continuously be defended and re-invented. In this sense, the two networks are facing two different kinds of threats. In the case of Turton, the process of territorial embeddedness has already been formalized through the creation of a ‘quality’ brand. The main threat to the sustainability of the network comes from the competition of the powerful retailer-led ‘own brand’ culture as well as of other ‘quality’ suppliers. In the context of this competition for ‘biogeographies of distinction’ (Sonnino and Marsden, 2006b: 329), Turton chooses to emphasize asymmetrical forms of knowledge and power within the network. In fact, this network is characterized by a ‘one-way’ form of traceability that allows the tracing of goods back down the food chain but not necessarily up, through it, to the point of sale. Thus, knowledge and power about food and practices are not equitably and symmetrically distributed; Turton’s suppliers have little or no knowledge of where their products go. In this case, it is a major function of the ecological entrepreneur to manage these asymmetrical relationships ‘in ways which continue to mobilize the network as a whole, as well as the individual actors within them’ (Sonnino and Marsden, 2006b: 328).
  • 7  Sonnino, 2007
26In the case of saffron, by contrast, the process of embeddedness has not been formalized through branding. The ‘local’ that social actors are attempting to empower is still a fluid and contested social space that embodies potentially conflicting interests. At one level, it must include a sufficient number of producers who can create a market for the new product. In this sense, the local identifies with the entire Grosseto Province, bringing together a dispersed group of farmers willing to distance themselves from conventional agriculture. At another level, however, the local must be sufficiently circumscribed to be governed and protected through specific forms of political support. In this sense, the local coincides with Campagnatico, a small town interested in developing saffron as an ‘image’ product to attract tourists and investment7. In the context of a local that has no territorial integrity, embeddedness becomes essentially a matter of creating relations that bring together different needs and ‘scales of practice’ (Amin, 2004:34). These involve not just social relationships that cut across space; they can also include historic relationships that cut across time. By re-assembling distant memories and historic evidence from the past, in southern Tuscany the ecological entrepreneur and her core allies create a discourse that establishes a unique connection between the town’s territory (and jurisdiction) and the ‘authenticity’ of the emerging product.

Some conclusions

27The process of embeddedness analyzed here goes well beyond the development of a reactive ‘defensive localism’ (Winter, 2003). Despite the significant differences between Italy and the UK with regard to their dominant food cultures (Sassatelli and Scott, 2001), in both cases embeddedness involves a highly proactive form of bioregionalism that emphasizes the unique ecological and historic qualities of a place. However defined, such place, which in one case identifies with the territorial jurisdiction of a small town and, in the other, with an entire administrative region, creates a network whose identity is grounded on a new symbiosis between food and the land, producers and consumers, tradition and authenticity.
  • 8  Boggs and Rantisi, 2003
28There are two main lessons to learn from this research. First, this study shows that local food systems emerge through a dynamic process of manipulation of space. Far from being a fixed, neatly bounded geographical entity, place emerges as a socio-cultural construction that participants in the local food networks may have to constantly negotiate and re-define (as it happens particularly in the case of saffron) to protect the identity of their products. In this context, the local emerges primarily as a ‘relational space’8, a space of interrelated scales and interdependent subjects where ‘the social, economic, political and cultural inside and outside are constituted through the topologies of actor networks’ (Amin, 2004:33). Becoming embedded in this kind of space involves the development of new cultural, ecological and political relations and conventions – in a word, of new networks but also of a new bioregional discourse. Theoretically, this raises the need for an actor-oriented approach that critically investigates the role played by notions such as ‘localness’ and ‘territoriality’ in the development of local food networks and in the distribution of power within and between them.
  • 9  More information in Sonnino, 2007
29Second, at a more practical level, this study also emphasizes the inherent fragility of local food networks. In both cases analyzed, balancing cooperation and competition is a constant and active part of network maintenance. The case of saffron, in particular, shows that maintaining the boundaries of the network may be complicated by a dialectical tension between embedding and disembedding forces. In fact, producers are under pressure to increase their output, if they want to raise the profile and profitability of their product. For them, this has implied enlarging the boundaries of the local to allow new members into the network -- a move that is threatening the territorial configuration and internal cohesion of the network and that is creating a danger of absorption into the logic of an economy of scale9.
30In an era of major restructuring of the European farming and food sectors, linked to the emerging paradigm of multifunctional agriculture, initiatives like the ones examined here require political and institutional support on both economic and socio-cultural grounds. In fact, in addition to producing significant value-added gains in revenues, local food products can have an intrinsic value for those involved with them. As the analysis has shown, they provide a strategy for farmers to remain on the land and for producers to regain some power and control over their productive relations. Innovative forms of supply and demand management (such as, for example, new types of branding and enlightened public procurement policies) are necessary to consolidate the market for local food products and, more generally, to turn the contemporary political rhetoric on sustainable agri-food and rural development into practice.
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Notes

1 Harvey, 1996: 208
2 See Morgan et al., 2006
3 More details in Sonnino and Marsden, 2006a
4 Fieldwork was conducted between 2004 and 2005 and it was based on two research methods. First, to identify the discourse built around the two products, I analyzed all promotional and marketing materials produced by the two networks. In addition, I engaged in informal interviews with a range of actors involved in the two emerging economies. Second, to identify the different strategies and goals associated with the development of the two products, I conducted in-depth interviews with 6 core members of the two networks. These were structured around seven key themes: 1) initiative (how and why did the network emerge?); 2) networking (what kind of political institutional, societal and spatial linkages do different actors have with one another and with the larger society, economy and polity?); 3) power (are the two networks effectively empowering producers vis-à-vis retailers and the conventional food market?); 4) local vs. locality food (what is the real and potential spatial range of the market for these two products?); 5) quality (how is this notion constructed and negotiated by the two networks?); 6) political/institutional support (is the political/institutional context effectively supporting these developments?); 7) sustainability (what are the threats to the resilience of these networks?). All interviews were taped, transcribed and later analyzed with reference to the research questions.
5 More info in Sonnino, 2004
6 As Marsden (2003) defines it, in Europe the post-productivist countryside has emerged out of the growing perception of rural areas as consumption spaces to be exploited by the urban populations. The region of Tuscany has always supported this development model, as showed by the recent (and continuous) development of agritourism.
7 Sonnino, 2007
8 Boggs and Rantisi, 2003
9 More information in Sonnino, 2007
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References

Electronic reference

Roberta Sonnino , « The power of place: embeddedness and local food systems in Italy and the UK », Anthropology of food [Online] , S2 | March 2007 , Online since 20 avril 2007, Connection on 18 septembre 2011. URL : http://aof.revues.org/index454.html
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Author

Roberta Sonnino

School of City and Regional Planning, Cardiff University
SonninoR(at)cf[point]ac[point]uk
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